Homélie - Toussaint A 2020

Homélie
2020/10/29
Homélie - Toussaint A 2020

Toussaint (Année A 2020)

Une fête de la vie, de la vie éternelle

Homélie
(Ap 7,2-4.9-14 ; 1 Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a)

Cet extrait de l’Évangile de saint Matthieu que la liturgie nous fait entendre en cette fête de la Toussaint, de tous les saints et saintes, est l’un des textes les plus connus des Écritures. On apprécie sa forme littéraire, un beau texte, agréable à lire, comme un poème. On en a même fait un chant avec comme refrain : Heureux, Bienheureux, qui écoute la Parole de Dieu ! Heureux, Bienheureux qui la garde dans son cœur !

Ces mots font remonter à ma mémoire un souvenir que je ne puis oublier, celui des funérailles des 47 personnes de la paroisse Saint-Bernard, décédées dans un accident d’autobus, dans la région de Charlevoix, en octobre 1998. Comme j’allais célébrer l’Eucharistie dans cette paroisse chaque dimanche depuis plusieurs années, on m’a demandé de présider l’une des cinq célébrations de funérailles. Partis de la salle municipale, nous avons marché dans le village pour nous rendre à l’église. Il faisait un temps d’automne magnifique. Cette marche à laquelle participaient un grand nombre de personnes s’est faite dans un profond silence ; personne ne parlait, on n’entendait que le son des cloches de l’église.

Pendant que les onze cercueils entraient dans l’église, les cloches se sont tues et la chorale a chanté le texte des béatitudes avec le refrain : Heureux, Bienheureux ! Ce chant donnait tout son sens à l’événement que nous vivions, un événement marqué par la célébration de l’Eucharistie, rencontre du Christ ressuscité, Celui qui avait passé de la mort à la vie.

L’apôtre saint Jean, dans son évangile, ne parle pas des béatitudes, mais il nous fait connaître une parole de Jésus, dans son long entretien avec ses disciples la veille de sa mort : Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; votre joie, personne ne vous l’enlèvera. Il a dit aussi, ce même soir : Je pars vous préparer une place et là où je suis vous serez vous aussi. C’est ce message d’espérance que le souvenir de cet événement et cette fête de la Toussaint font retentir dans notre cœur.

Le décès de personnes qui nous sont proches nous amène, inévitablement, à nous interroger sur ce qui se passe au moment où cette vie arrive à sa fin. Que se passe-t-il à la fin de la vie ?  Y a-t-il une vie après la mort ? La fête de la Toussaint peut nous aider à trouver une réponse à ces questions qui nous accompagnent tous tout au long de notre vie. 

En ce premier jour de novembre, la liturgie de l’Église nous invite à nous souvenir de toutes ces personnes qui sont parvenues au terme de leur vie, qui ont vu la réalisation de ce qui a été leur espérance, l’entrée dans cette autre vie. Les saints canonisés, mais aussi tous les autres qui connaissent maintenant la paix et la joie de la vie avec Dieu.

Dans cette foule immense que nul ne peut dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues, pour reprendre les mots de l’Apocalypse de saint Jean, dans ce rassemblement de tous les élus dans la Maison de Dieu, notre foi, notre prière nous fait reconnaître la présence de toutes ces personnes que nous avons connues, qui nous ont quittés, mais que nous continuons à aimer.

Pour nous chrétiens, chrétiennes, la Toussaint est une fête de la vie, de la vie éternelle. Celui, celle qui meurt dans l’amitié de Dieu, dans la foi en Dieu, est appelé à entrer dans cette vie de bonheur que Jésus est venu nous annoncer, nous promettre. Le Seigneur Jésus, ressuscité, vivant, que rencontrons dans cette Eucharistie, a les paroles de la vie éternelle. C’est lui qui nous indique le vrai chemin qui conduit au bonheur de la vie éternelle, il nous accompagne sur cette route. Je serai avec vou tous les jours, nous a-t-il dit. 

Osons demander parler à ces personnes dont nous nous souvenons aujourd’hui, qui ont été accueillies par Dieu et connaissent la joie de vivre avec le Seigneur ressuscité, là où il leur avait préparé une place. Que leur prière nous obtienne la grâce de vivre dans la pauvreté du cœur, la douceur de la miséricorde, le respect des autres, le souci de la justice et de la paix. Quand il arrive que la tristesse vienne assombrir notre vie, que ce qui se vit dans le monde nous rende moins capables d’espérance, que Jésus ressuscité vienne redire à l’oreille de notre cœur ces paroles dites autrefois aux gens de Galilée, Heureux ! Bienheureux ! Que ces paroles illuminent notre vie maintenant et jusqu’en vie éternelle. Amen.

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com