Homélie - Noël B 2020

Homélie
2020/12/21
Homélie - Noël B 2020

Noël B 2020

Dans la crèche, l'Enfant-Dieu a les mains tendues vers tous ceux et celles qui viennent à lui

Homélie
(Is 9,1-6 ; Ps 95,96 ; Ti 2,11-14 ; Lc 2,1-14)

L’histoire de l’Église nous raconte qu’au XIIIe siècle, plus précisément en 1223, il y a 800 ans, saint François d’Assise aurait été celui qui, le premier, a eu cette idée de monter une crèche à l’occasion de la messe de Noël. Il avait invité les habitants du village de Greccio en Italie à se rassembler dans une grotte où on avait placé une crèche remplie de foin et, de chaque côté, un bœuf et un âne vivants. On reconstituait ainsi l’humble porte par laquelle le Sauveur a voulu entrer dans l’histoire de l’humanité, notre histoire.

Dans cette crèche, il n’y avait aucune représentation de Jésus, pas plus que de Marie et Joseph, ni des bergers, encore moins des mages. Des gens ont demandé pourquoi il en était ainsi. Saint François leur a alors expliqué que Jésus, maintenant ressuscité et vivant, était là présent parmi eux, dans l’Eucharistie qu’ils étaient venus célébrer. Au-dessus de la crèche on avait placé une planche et c’était là l’autel pour la messe. François a rappelé la promesse de Jésus à ses disciples : Quand vous serez réunis à cause de moi, je serai là au milieu de vous.

Dans le récit de l’Évangile lu ce soir, l’ange disait ceci : Aujourd’hui, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Voici le signe qui vous est donné, un nouveau-né emmaillotté et couché dans une mangeoire. Leur baptême les ayant faits disciples de Jésus, c’étaient eux les bergers, eux les gens du village qui, rassemblés à cause de lui, l’accueillaient dans la vie de leur communauté, de leur famille, dans leur vie à chacun et chacune. Trois signes leur étaient donnés : leur petite communauté, la proclamation de la parole de Dieu, le pain partagé. Voilà les signes qui disaient aux gens du village de Greccio, les signes qui nous disent à nous la présence de Jésus ressuscité et vivant.

On sait que pendant les tout premiers siècles, les communautés chrétiennes ont d’abord voulu célébrer la résurrection du Christ. Pâques était la seule fête et les chrétiens la célébrait chaque dimanche, le jour du Seigneur. Au cours des années, ils ont voulu ajouter d’autres fêtes rappelant les événements de la vie de Jésus. Au troisième siècle, on s’est dit qu’il faudrait bien fêter la naissance de Jésus, c’est ce qu’on a fait, et cette fête est vite devenue la plus populaire des fêtes chrétiennes.

Elle est comme une belle leçon de catéchèse, nous disant qui était cet enfant dont nous célébrons cette nuit l’entrée dans notre histoire. Cet enfant, notre foi de baptisés affirme qu’il était l’Emmanuel, Dieu-avec-nous. Vivant notre vie, cet enfant dont nous parlent les évangiles, tout particulièrement ce récit de saint Luc, proclamé ce soir, deviendra cet homme dont nous disons qu’il est la lumière du monde, celui qui est ressuscité le matin de Pâques, qui est vivant dans la gloire de Dieu.

C’est lui que cette Eucharistie nous fait rencontrer, en cette fête qui remplit notre ville de lumière, et aussi les villes de partout dans le monde. N’avons-nous pas besoin, particulièrement cette année, de lumière et de couleurs. Noël, une fête de la lumière ! La liturgie a voulu célébrer cette fête le 25 décembre, parce que cela est vrai aussi dans la nature : c’est le solstice d’hiver, les journées vont se mettre à rallonger, le soleil va retrouver sa vigueur. Cela nous dit que l’enfant de la crèche va devenir le Ressuscité de Pâques, aussi fête de la lumière.

Le geste de déposer dans la crèche cette représentation de Jésus-Enfant nous fait penser à Marie et Joseph qui l’ont pris dans leurs bras, à Bethléem, puis en Égypte, et dans leur village de Nazareth. La crèche est devenue comme un lieu vivant où Jésus, l’Emmanuel, Dieu-parmi-nous, le Ressuscité, le Fils de Dieu, Notre-Seigneur, nous dit son désir de nous accueillir et d’être accueilli par nous. Il est là dans la crèche, le visage souriant, nous regardant et nous tendant les bras.

La crèche nous rappelle chaque année cet événement unique et extraordinaire qui a changé le cours de l’histoire. C’est à partir de ce jour que nous nommons les années en disant avant et après la naissance du Christ. Dès notre enfance et ensuite à chaque âge de la vie, la crèche nous apprend à contempler Jésus, à ressentir l’amour de Dieu pour nous, à vivre et à croire que Dieu est avec nous et que nous sommes avec lui.

Oubliant tout ce qui nous inquiète en ce temps que nous vivons, ouvrons notre cœur à cette grâce toute simple de la venue de l’Enfant-Dieu et laissons surgir de notre émerveillement une humble prière : disons merci à Dieu qui a voulu vivre notre vie en son Fils Jésus et tout partager avec nous afin de ne jamais nous laisser seuls.

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com