Homélie - Noël 2019

Homélie
2019/12/31
Homélie - Noël 2019

Noël - 2019
Dans la crèche, Dieu a les mains tendues vers tous ceux et celles qui viennent à lui
Homélie

(Is 9,1-6 ; Ps 95,96 ; Ti 2,11-14 ; Lc 2,1-14)

Au XIIIe siècle, plus précisément en 1223, François d’Assise, ce saint très connu, aurait été celui qui le premier a eu cette idée de monter une crèche à l’occasion de la messe de la nuit de Noël. Il avait invité les habitants du village de Greccio en Italie à se rassembler dans une grotte où on avait placé une crèche remplie de foin et aussi amené un bœuf et un âne, vivants. On reconstituait ainsi, de manière très parlante pour des paysans, l’humble cadre que le Sauveur avait voulu pour entrer dans notre histoire, venir vivre notre vie.

Dans cette crèche, chose étonnante, il n’y avait aucune représentation de Jésus, pas plus que de Marie et Joseph ni des bergers. À la suite de la lecture de l’Évangile, François, dans son homélie, a expliqué aux gens que Jésus, ressuscité et vivant, était présent parmi eux, mais dans l’eucharistie qu’ils étaient en train de célébrer, la crèche étant devenue l’autel. Il leur a rappelé la promesse de Jésus à ses disciples : Quand vous serez réunis à cause de moi, je serai là au milieu de vous. Leur baptême les ayant faits disciples de Jésus, c’étaient eux les gens du village qui, rassemblés à cause de lui, l’accueillaient dans leur vie et dans la vie de leur communauté. Leur toute petite communauté, la proclamation de la parole de Dieu, le pain et le vin partagés, voilà les signes qui disaient la venue dans leur vie de Jésus. Ils rappelaient la naissance du Sauveur autrefois à Bethléem, mais celui qui était là présent au milieu d’eux, c’était Jésus ressuscité et vivant.

On sait que pendant les tout premiers siècles, les communautés chrétiennes ont d’abord voulu célébrer la résurrection du Christ. Ils se rassemblaient le dimanche, le jour du Seigneur, pour célébrer Pâques. C’était la seule fête chrétienne parce que seul Jésus ressuscité pouvait expliquer que les apôtres et les disciples qui l’avaient connu se sont retrouvés tout remplis de joie et se sont mis à annoncer la Bonne Nouvelle, Jésus ressuscité et vivant. La liturgie s’est ensuite développée pour célébrer les événements qui avaient marqué la vie publique de Jésus et aussi la vie des communautés de plus en plus nombreuses. Au troisième siècle, on s’est dit qu’il fallait rappeler aussi la naissance de Jésus et on s’est alors référé aux récits de son enfance dans les évangiles de saint Luc et de saint Matthieu. Ces récits ont été rédigés à partir du fait historique de la naissance de Jésus, qu’on ne pouvait pas, qu’on ne peut pas nier. Ces textes, dont celui lu en cette fête, devenue la plus populaire des fêtes chrétiennes, sont aussi un beau discours théologique qui nous dit qui était cet enfant dont nous célébrons cette nuit l’entrée dans notre histoire, cet enfant dont la foi chrétienne, en fidélité à l’Évangile, dit qu’il est l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, le Sauveur, Notre Seigneur.

Le premier décembre dernier, premier dimanche de l’Avent, le pape François s’est rendu à Greccio ; il a voulu faire un pèlerinage dans ce lieu où François d’Assise a réalisé la première crèche. De ce lieu très significatif, il a adressé à tout le peuple chrétien une Lettre sur la signification et la valeur de la crèche. Comme nous avons choisi de célébrer la naissance du Sauveur en pleine nuit et en ce lieu qui est lui aussi historique, je me permets de citer ce passage de la lettre du Pape. J’aimerais passer en revue les différents signes de la crèche pour en saisir le sens qu’ils portent en eux. En premier lieu, représentons-nous le contexte du ciel étoilé, dans l’obscurité et dans le silence de la nuit. Ce n’est pas seulement par fidélité au récit évangélique, mais aussi pour la signification qu’il possède. Pensons seulement aux nombreuses fois où la nuit obscurcit notre vie. Eh bien, même dans ces moments-là, Dieu ne nous laisse pas seuls. L’Enfant de la crèche deviendra la lumière du monde, le Ressuscité, que cette Eucharistie nous fait rencontrer chaque dimanche et qui vient éclairer notre route.

Dans la liturgie de l’Avent et de Noël, il est beaucoup parlé de Joseph. Cela plait parce qu’il semble tellement proche de nous, quelqu’un que nous pouvons voir comme imitable. Voici ce que dit la lettre du Pape à son sujet : À côté de Marie, dans une attitude de protection de l’Enfant et de sa mère, se trouve saint Joseph. Il est généralement représenté avec un bâton à la main, et parfois même tenant une lampe. Il joue un rôle important dans la vie de Jésus et de Marie. Il ramènera la famille à Nazareth, où il sera le premier éducateur de Jésus enfant et adolescent. Joseph portait dans son cœur le grand mystère qui enveloppait Jésus et Marie son épouse, et, en homme juste, il s’est toujours confié à la volonté de Dieu et l’a mise en pratique.

 

Vous n’avez sûrement pas d’objection à ce que cette homélie se termine par ces autres mots du pape François : Le cœur de la crèche commence à battre quand nous y déposons l’Enfant Jésus. Dieu se présente ainsi pour être accueilli dans nos bras. Dans la faiblesse et la fragilité se cache son pouvoir qui crée et transforme tout. Cela semble impossible, mais c’est pourtant ainsi : En Jésus, Dieu a été un enfant et c’est dans cette condition qu’il a voulu révéler la grandeur de son amour, qui se manifeste dans un sourire et dans l’extension des mains tendues vers tous ceux et celles qui viennent vers lui. La crèche nous fait voir, nous fait toucher cet événement unique et extraordinaire qui a changé le cours de l’histoire et à partir duquel la numérotation des années, avant et après la naissance du Christ, est également ordonnée. La crèche fait partie du processus doux et exigeant de la transmission de la foi. Dès l’enfance et ensuite à chaque âge de la vie, elle nous apprend à contempler Jésus, à ressentir l’amour de Dieu pour nous, à vivre et à croire que Dieu est avec nous et que nous sommes avec lui.

Ouvrons notre cœur à cette grâce toute simple et laissons surgir de notre émerveillement une humble prière : disons notre merci à Dieu qui a voulu tout partager avec nous afin de ne jamais nous laisser seuls.   

 

Marc Bouchard, prêtre