Homélie - "Fête du Christ Roi de l'univers"

Homélie
2019/11/27
Homélie - "Fête du Christ Roi de l'univers"

Fête du Christ Roi de l’univers
Un règne de vie et de vérité, un règne de grâce et de sainteté,
un règne de justice, d’amour et de paix.
Homélie
(2 Sam 5,1-3 ; Col 1,12-20 ; Luc 23,35-43)

En 1925, le pape Pie XI a voulu que, le dernier dimanche de l’année liturgique, l’Église célèbre le Christ Roi de l’univers. Il est intéressant de savoir qu’en octobre 1925, donc la même année, se terminait la reconstruction de la cathédrale de Québec, incendiée en 1922. La fin des travaux, commencés en 1923, a été marquée par l’installation de ce magnifique baldaquin au-dessus du choeur. Il n’y avait sûrement pas de lien entre ces deux événements, mais il faut quand même bien voir que cette fort belle statue du Christ dans la gloire représente de façon visuelle le Christ Roi de l’univers que la liturgie nous invite à fêter aujourd’hui.

Placée ainsi à l’avant de la cathédrale, cette statue, fort impressionnante, nous met en présence du Christ ressuscité, bénissant toute personne qui entre dans cette église, bénissant aussi notre communauté paroissiale, notre ville et tous ses très nombreux visiteurs, et notre communauté diocésaine. Elle nous fait penser que le Christ ressuscité préside notre communauté eucharistique chaque fois qu’elle se rassemble à cause de Lui. Le Christ, s’offre à notre regard, vivant, dans la gloire de Dieu, ce que signifient la présence des anges, les nuages et les rayons lumineux. Sa main droite est ouverte et tournée vers nous, accueillante, bénissante. De sa main gauche la croix, instrument du salut. Il a les deux pieds posés sur un globe terrestre et sous ce globe, trois JHS, Jésus Sauveur de l’humanité. Cette statue nous parle clairement de Celui que nous sommes venus fêter en ce dimanche, elle évoque aussi la Parole de Dieu proclamée en cette fête du Christ Roi de l’univers.

La célébration de la souveraineté du Christ en ce dernier dimanche de l’année liturgique ne pourrait-elle pas être comprise comme rassemblant dans une seule fête le mystère du Christ Sauveur et Seigneur que l’Église nous a fait célébrer tout au long de l’année, d’un dimanche à l’autre, d’une fête à l’autre, le mystère de Jésus, Ressuscité, Vivant, celui que nous reconnaissons comme étant la Voie, la Vérité, la Vie, la Lumière du monde. Le temps de l’Avent, de Noël, du Carême, de Pâques, de la Pentecôte, et le temps ordinaire, ces dimanches où nous avons entendu la proclamation de l’Évangile de saint Luc constituent une présentation du mystère de Jésus, Christ et Seigneur. La fête d’aujourd’hui est comme une reprise, dans la célébration de la personne du Christ Roi de l’univers, de cette année vécue avec Lui, particulièrement dans l’eucharistie dominicale, écoute de la Parole, partage du Pain, pour faire mémoire de Lui. Cette longue célébration du mystère du Christ, cette longue marche à sa suite se termine aujourd’hui, mais nous allons nous y engager de nouveau dimanche prochain.

Laissons la Parole de Dieu, propre à cette fête, parler à notre coeur. La première lecture nous présentait la figure de David, un personnage important dans la longue histoire du salut de l’humanité. Le saint roi David comme on a pris l’habitude de dire ! Les Écritures parlent beaucoup de lui, et Jésus lui-même en a souvent parlé.  Le prophète Samuel, sur un appel de Dieu, est allé le chercher dans les champs où, jeune berger, il gardait les brebis. Plus tard, disait la lecture, tous les anciens donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël. Il est devenu le béni de Dieu, qui l’a assisté de sa présence tout au long de sa vie. Matthieu commence son Évangile en disant de Jésus Christ qu’il est le fils de David.

Réfléchissons un moment sur le récit de saint Luc, la troisième lecture. Il peut nous sembler étonnant que l’Église, nous invitant à célébrer le Christ Roi de l’univers, nous rappelle les deniers instants de Jésus mourant sur la croix. Dénudé et couvert de blessures, il ne nous fait vraiment pas penser à un roi. C’est Pilate, un romain, un païen qui dit la signification de ce lieu que devient la croix, par cette inscription : Celui-ci est le roi des Juifs. Comment ne pas penser alors à une autre fête, celle du 14 septembre, la fête de la Croix Glorieuse du Christ, une célébration qui remonte aux premiers siècles. N’est-ce pas ce que nous montre ce baldaquin en haut du chœur, nous faisant voir Jésus entrant dans la gloire du Royaume, tenant sa Croix dans sa main gauche ? Cette Croix Glorieuse a ouvert les portes du Royaume de Dieu à tous ceux et celles qui ont accepté, qui accepteront de suivre le Crucifié sur le chemin du service.

Cet évangile nous met devant un autre paradoxe, un malfaiteur va être le premier à connaître la joie du Royaume. Ce malfaiteur, reconnaissant ce qu’a été sa vie, ne peut s’empêcher de se tourner vers le Christ, de voir en lui le Sauveur. La Parole de pardon de Jésus suffit pour le faire entrer avec Lui dans le Royaume de Dieu. Sur la croix, Jésus se révèle dans sa plus grande majesté, il est le Sauveur de l’humanité, il est Roi de Miséricorde. Il nous sera dit dans la préface que Jésus est venu établir dans notre monde un règne de vie et de vérité, un règne de grâce et de sainteté, un règne de justice, d’amour et de paix.

La deuxième lecture nous a fait entendre une très belle prière, que nous pourrions redire au cours de la semaine. C’est une hymne qui faisait partie de la liturgie chrétienne en ses débuts et que l’apôtre Paul devait sûrement dire quand il priait. Une louange adressée au Christ, un bel acte de foi en celui dont nous sommes les disciples. Il voulait que les Colossiens, dérangés dans leur foi par ce qui se vivait dans leur milieu, en fassent eux aussi leur prière. Il les invitait, il nous invite, nous ici rassemblés dans la foi, à tourner le regard de notre cœur vers le Christ, et pour cela il emploie des mots non sans lien avec cette fête d’aujourd’hui : En lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. … Il est la tête du corps, la tête de l’Église. … Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et qu’en lui tout soit réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. 

Marc Bouchard, prêtre