Homélie - Baptême du Seigneur 2020

Homélie
2020/01/13
Homélie - Baptême du Seigneur 2020

Baptême du Seigneur (Année A 2020)

"Je suis avec vou tous les jours"

Homélie
(Is 42,1-4.6-7 : Ps 28 ; Ac 10,34-38 ; Mt 3,13-17)

L’ange avait dit à Joseph de donner à l’enfant, qui naitrait de Marie, le nom de Jésus et c’est ainsi qu’on l’appellera durant toute sa vie à Nazareth. C’est le nom que lui donneront aussi tous ceux et celles qui viendront en contact avec lui durant les trois années de sa vie publique. Jésus de Nazareth, tel a été son nom, de sa naissance jusqu’à sa mort sur la croix !  Il est un peu étonnant, qu’en ce dimanche qui termine le temps de Noël, la liturgie nous fait célébrer le Baptême du Seigneur et non pas le Baptême de Jésus ? Pourtant, le récit évangélique dit bien que c’est Jésus qui est venu se faire baptiser par Jean Baptiste. La liturgie fait cette distinction pour que nous comprenions bien que celui qui reçoit le baptême, Jésus de Nazareth, était déjà le Seigneur, même si ce titre ne lui sera donné qu’après sa résurrection. 

Notre Seigneur Jésus Christ ! C’est ce que saint Paul écrit au tout début de sa première lettre aux Thessaloniciens, rédigée en l’an 50, donc le texte le plus ancien du Nouveau Testament. Cela signifie que les apôtres et les premières communautés chrétiennes parlaient de Jésus en lui donnant le titre de Seigneur, le reconnaissant alors comme étant le Fils de Dieu, l’Envoyé du Père. Il en a été de même jusqu’à aujourd’hui. Nous disons de Jésus qu’il est le Christ, le Seigneur, Notre Seigneur. 

Le baptême de Jésus est cet événement qui a marqué le début de son ministère, de ce qu’on appelle sa vie publique. On peut se demander toutefois pourquoi Jésus a tenu à recevoir le baptême de Jean Baptiste, un baptême de conversion qui s’adressait à des pécheurs qui voulaient changer de vie. Cela pose question car les chrétiens du temps des évangiles affirmaient que Jésus était le Fils de Dieu et donc qu’il n’avait pas à se convertir, n’avait pas besoin de baptême. L’évangéliste Matthieu était bien conscient de cela et c’est pourquoi il fait dire à Jean Baptiste : C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi et c’est toi qui viens à moi. Jésus lui répond en disant : Pour le moment, laisse-moi faire. Plus tard, il dira qu’il n’est pas venu abolir la Loi mais l’accomplir. Il a vécu la foi de ses parents durant toutes ses années de vie à Nazareth, mais son annonce de la Bonne Nouvelle va la dépasser. Il ne rejette pas la tradition de son peuple, il va lui faire donner tout son sens.

L’évangile de ce dimanche nous raconte que Jésus a vécu lors de ce baptême une forte expérience spirituelle, une expérience de Dieu qui va changer sa vie et la marquer profondément. Il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et une voix se fit entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. C’est la foi en Jésus, le Fils de Dieu, qui est alors affirmée, ce qui est au cœur de la foi chrétienne, la foi de tout baptisé. Les quatre évangélistes, reflétant la foi des apôtres et des premières communautés chrétiennes, tiennent à signaler que Jésus, dès le début de son ministère, est déjà celui qu’on reconnaîtra pleinement après sa résurrection. Cette expérience vécue par Jésus lors de son baptême va orienter, structurer toute sa vie.

Il faut retenir cela parce que c’est ainsi que cette fête du baptême du Seigneur vient nous faire penser à notre propre baptême. Nous n’avons pas reçu le baptême de Jean-Baptiste, c’est en Jésus que nous avons été baptisés. Notre baptême nous a plongés dans le mystère de sa personne, le mystère de sa mort et de sa résurrection. Tout comme Jésus en sortant de l’eau a compris la paternité de Dieu sur lui, nous aussi, en pensant à notre baptême, nous sommes invités à découvrir, à redécouvrir, à mieux comprendre notre condition de baptisés. Enfants adoptifs de Dieu, nous partageons le même héritage que Jésus notre Seigneur, nous sommes ses disciples, avec lui et comme lui nous sommes filles et fils de Dieu.

Le baptême n’est pas un événement passé. C’est une réalité quotidienne. Une fête comme celle d’aujourd’hui doit nous le rappeler et nous faire comprendre comment Dieu en Jésus s’est fait, se fait proche de nous, comment nous sommes proches de lui. C’est pourquoi le baptême ne peut être donné qu’une fois. Il arrive que quelqu’un, passant à une secte ou disant perdre la foi, demande qu’on retire son nom de la liste des baptisés. On prend note de cela, mais si cette personne revient à la foi catholique, il est sûr qu’il n’y aura pas un nouveau baptême. On est baptisé une seule fois, parce que Dieu ne cesse pas d’être Père parce que son enfant s’éloigne. Les parents savent cela car il arrive qu’ils vivent cette situation avec leurs propres enfants. Pensons à la parabole de l’enfant prodigue dans laquelle Jésus nous dit surtout l’amour miséricordieux de son Père, de notre Père. 

Il y a des paroles de Jésus notre Seigneur qui doivent être présentes dans la mémoire de notre cœur, qui sont lumière dans notre vie quotidienne. Tout d’abord cette promesse : Moi, je suis avec vous tous les jours. Ce sont les derniers mots de l’évangile de saint Matthieu, que nous allons lire tout au long de cette année. Et il y a cette autre promesse du Seigneur que l’Eucharistie nous rappelle chaque dimanche : Celui, celle qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi je demeure en lui. Des paroles du Seigneur, de Jésus ressuscité et vivant, qui disent cette richesse de vie qu’est le baptême.

Marc Bouchard, prêtre