Homélie - 5e dimanche du Carême A 2020

Homélie
2020/03/25
Homélie - 5e dimanche du Carême A 2020

5e dimanche du Carême (Année A 2020)

"Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra."

Homélie
(Éz 37,12-14 ; Ps 129 ; Rom 8,8-11 ; Jn 11,1-45)

Évangile de Jésus le Christ, selon saint Jean… ou selon saint Matthieu, ou selon saint Marc, ou selon saint Luc. Quatre textes différents, quatre livres différents dans la Bible, et donc quatre évangiles. Mais on dit toujours l’Évangile de Jésus le Christ parce qu’il n’y a qu’un seul Évangile, une seule Bonne Nouvelle, celle de Jésus le Christ, un seul Évangile qui nous parvient par quatre chemins différents, quatre traditions différentes.

L’Évangile de Jean est nettement à part des trois autres. Il rapporte moins de faits, d’événements de la vie de Jésus, mais beaucoup plus de ses paroles, de ses conversations avec ses amis. Pensons à son long entretien après la Cène, que saint Jean est le seul à rapporter. Il ne raconte que sept miracles, dont il dit que ce sont des signes, c’est-à-dire des faits porteurs d’un message, des faits qui permettent de découvrir de plus en plus qui est Jésus.

Rappelons quelques-uns de ces miracles. Les noces de Cana : Jésus est celui dont la présence fait que notre vie n’est pas banale. Sa présence donne du sens à notre vie, la rend capable de nous garder heureux quoi qu’il arrive. La guérison du paralytique : Jésus est celui qui nous libère de tout ce qui peut nous paralyser; il est celui qui nous fait nous relever et repartir, celui qui nous garde en marche sur la route de la vie. La rencontre de la Samaritaine : Jésus est lumière, sa présence et sa parole indiquent la route à suivre pour collaborer à faire venir le Royaume. La guérison de l’aveugle-né : Jésus nous guérit de nos aveuglements, nous fait élargir notre regard et nous fait voir notre vie et la vie du monde autrement.

Il y a aussi ce miracle dont nous venons d’entendre la proclamation. On a pris l'habitude de donner comme titre à ce récit : La résurrection de Lazare. Mais quand nous parlons de la résurrection de Jésus et de la résurrection de Lazare, nous ne disons pas du tout la même chose. Quand Jésus ressuscite au matin de Pâques, il entre dans une autre vie ; il n’a pas eu besoin qu’on roule la pierre qui fermait son tombeau, les bandelettes et le suaire sont restés là disposés comme lors de l’ensevelissement.  

Cette mort de Lazare, nous ne savons pas trop ce que ça été, mais nous savons qu’après le miracle de Jésus, quand il sort du tombeau, sa vie reprend son cours ordinaire. Sa vie a dû être alors à peu près la même qu'avant, un peu comme quelqu’un qui revient d’une très grave maladie. Lazare a eu en quelque sorte un supplément de vie terrestre. Sa vraie mort est arrivée plus tard. Notre résurrection à nous à la fin de notre vie et celle de Lazare, ce n’est pas du tout la même chose. Quand nous dirons, à la fin du credo : Je crois à la résurrection des morts et à la vie éternelle, il s'agit de tout à fait autre chose que ce que nous raconte ce récit de saint Jean.

Mais alors, pourquoi ce miracle ? C’est un signe important donné aux croyants : Jésus se manifeste, se révèle comme celui qui nous donne cette vie qui est sans fin, cette vie éternelle qui est notre espérance. Nous avons donc raison de miser notre vie sur lui. Les grands prêtres et les pharisiens ont compris l’importance de ce que signifiait cet événement : ils ont décidé de faire mourir Jésus parce qu’un grand nombre de gens se sont alors mis à croire en lui, à croire en sa parole.

Pour Jésus, la seule chose qui compte, c'est la gloire de Dieu, la venue de son Règne, cela exige qu’on ait la foi. Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu, dit-il à Marthe. Dès le début du récit, alors qu'on vient d'annoncer à Jésus : Seigneur, celui que tu aimes est malade, il dit à ses disciples : Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu. La foi ouvre les yeux et fait découvrir un autre monde. Rendu à la vie, Lazare reste un mortel, mais il est désormais un homme debout : sorti du tombeau, débarrassé de ses bandelettes et de son suaire, il peut aller librement. Il y a dans nos communautés chrétiennes et notre société tellement de morts vivants, tellement de gens enfermés dans leurs tombeaux, liés de bandelettes, les yeux recouverts d’un suaire; il y a tellement de Lazare parmi nous. Au fond de chacun, chacune de nous, il y a toujours une part de notre personne qui s’appelle Lazare.

Étonnant que dans ce récit, Lazare ne dit pas un mot, mais trois autres personnages sont là qui eux parlent : Marthe, Marie et Jésus. Dans ce récit, les deux sœurs font la même remarque à Jésus : Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Marie se met à pleurer. Marthe, au contraire, témoigne de sa foi : Je sais que, maintenant encore, Dieu t’accordera ce que tu lui demanderas. Le dialogue se poursuit et Marthe dit son espérance dans la résurrection au dernier jour. Jésus rectifie : il ne parle pas au futur, il parle au présent : Moi, je suis la résurrection et la vie... Tout homme qui vit et croit en moi ne mourra jamais... Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra.

En ce cinquième dimanche du carême, ce récit de la sortie de Lazare de son tombeau nous prépare vraiment à célébrer Pâques. Le carême est comme une longue catéchèse qui nous amène à renouveler, affermir notre foi en Jésus que la Parole de Dieu nous a fait mieux connaître au cours de ces cinq dimanches. Le récit de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine se termine par cette affirmation des gens de sa ville : C’est vraiment lui le Sauveur du monde. L’aveugle-né, à la question de Jésus : Crois-tu au Fils de l’Homme, répond sans hésiter : Je crois, Seigneur. Marthe affirme : Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde.

Est-ce que ce carême va faire que le jour de Pâques nous allons nous aussi progresser dans la foi en disant non seulement de nos lèvres mais par notre participation à l’Eucharistie : Oui, Seigneur, tu es le Christ, tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde, le Ressuscité qui vient demeurer en moi.

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com