Homélie - 2e dimanche du Carême B 2021

Homélie
2021/02/22
Homélie - 2e dimanche du Carême B 2021

2e dimanche du Carême B 2021

Homélie
(Gn 22, 1-2-9,1,.15-18 ; Rm 8,31b-34 ; Mc 9,2-10)

Pour nous, chrétiens, chrétiennes, Jésus est d'abord le Christ, le Fils de Dieu, la deuxième personne de la Trinité, le Verbe, la Parole, par qui tout a été créé, par qui le salut nous est donné. Cela est au cœur de la foi qui nous a été transmise. Nous avons parfois de la difficulté à vraiment comprendre qu'il a été aussi un homme avec tout ce que cela signifie. Il ne nous est pas facile de bien saisir que sa vie a été semblable à la nôtre, une vie humaine avec toute sa réalité. Nous arrive-t-il de penser que ce fut le contraire pour les apôtres. Ils ont d'abord connu un homme, Jésus de Nazareth, et même s’il était pour eux quelqu’un d’extraordinaire, un maître tellement attachant, ce n’est qu’après l’événement de Pâques, après sa résurrection, qu’ils ont pu réaliser qu’il était le Fils de Dieu. Même alors ce ne fut pas si facile, il leur a fallu la venue de l’Esprit-Saint, la Pentecôte, pour que la foi leur fasse reconnaître le Seigneur, le Sauveur en cet homme avec qui ils avaient vécu. Rappelons-nous ces mots de l’Évangile de saint Luc, des mots qui résument sa vie à Nazareth : Quant à Jésus, il grandissait et se fortifiait, en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes

Dimanche dernier, nous avons entendu le récit des tentations dans la solitude du désert, un rappel de l'humanité de Jésus. Nous pouvons lire tellement de passages dans les évangiles qui nous font voir Jésus vivant des moments de joie avec ses disciples, ses amis. D’autres récits par ailleurs nous le présentent comme étant peu considéré par beaucoup, et même comme un criminel lors de sa passion et de sa mort sur la croix. Aujourd'hui, nous est raconté ce que Jésus a voulu que vivent ces trois apôtres qui semblent bien avoir été ses amis les plus proches. Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Il va alors leur faire vivre une forte expérience spirituelle, la Transfiguration, la vision de Jésus se manifestant tout autre que celui qu’il connaissait jusqu’alors.

Ce récit de la transfiguration, saint Marc le place, dans son évangile, entre deux annonces de la passion. Jésus n’aurait-il pas voulu par cette expérience spirituelle donner confiance aux apôtres pour qui la vie avec Jésus ne s’annonçait pas pour être toujours agréable et facile, loin de là. Si la liturgie nous fait lire un récit de la Transfiguration à chaque deuxième dimanche du Carême ne serait-ce pas pour nous dire que cette démarche spirituelle nous est offerte pour rendre plus forte notre confiance en Jésus, Christ, Fils de Dieu, ces mots de la foi chrétienne par lesquels saint Marc commence son Évangile. Sûrement que dans les communautés chrétiennes du premier siècle on se racontait cela souvent parce que les premiers chrétiens avaient besoin de renouveler, de raffermir sans cesse leur foi, leur fidélité, leur confiance en Jésus le Ressuscité, le Vivant.

On voit cela dans ce qui se passe lorsque Pierre, Jacques et Jean redescendent de la montagne avec Jésus. Ils n’ont pas compris ce qu’ils venaient de vivre. Jésus leur dit de n’en parler à personne, de garder cela dans leur mémoire jusqu’au jour où ils comprendront ce que veut dire ressusciter d’entre les morts. Cela nous surprend parce que nous, qui lisons ce récit, nous savons que Jésus est ressuscité le troisième jour après sa mort. Ce mystère est au cœur de notre foi de baptisés et nous croyons fermement que Jésus est sorti de son tombeau et est ressuscité. Mais savons-nous ce que veut dire surgir du lieu de la mort, se dresser du milieu des morts ? On voit bien comment cela fait nécessairement appel à la foi quand on constate combien actuellement est grand le nombre de chrétiens qui ne croient plus en la résurrection.

Entendre ce récit de la Transfiguration en ce deuxième dimanche du Carême nous fait saisir que cette expérience spirituelle du Carême revient chaque année pour nous préparer à la fête de Pâques, la plus importante des fêtes chrétiennes. Nous célébrons la résurrection du Christ avec tous les chrétiens de toutes les Églises, même si ce n’est pas toujours exactement à la même date. Nous avons besoin nous aussi de laisser la lumière du Christ illuminer notre foi, la garder bien vivante. Nous avons besoin nous aussi, comme les apôtres, comme les chrétiens du premier siècle de rencontrer le Seigneur, de reconnaître sa présence dans notre vie, de raviver notre foi en Jésus, le Christ, le Ressuscité, le Vivant.

Chaque dimanche, il nous est fait don de cette grâce de le rencontrer dans l'Eucharistie, et comme Pierre, Jacques et Jean, de renouveler notre confiance en sa présence avec nous sur notre route quotidienne. Prions pour qu’à la fin de cette pandémie les chrétiens et les chrétiennes se retrouvent fidèles à célébrer le Jour du Seigneur, à faire mémoire du Ressuscité. Nous avons tous besoin d’entendre le Ressuscité nous dire de ne pas dresser de tentes, de descendre de la montagne, d'aller vivre notre vie quotidienne, en lien avec Lui et sa Parole, avec la communauté de ses disciples.

 

Marc Bouchard, prêtre

Mbouchard751@gmail.com