Homélie - 28e dimanche ordinaire A 2020

Homélie
2020/10/13
Homélie - 28e dimanche ordinaire A 2020

28e dimanche ordinaire (Année A 2020)

Le Seigneur nous prépare une place à sa table

Homélie
(Is 25,6-10a ; Ph 4,12-14.19-20 ; Mt 22,1-14)

Permettez que nous commencions cette réflexion sur la Parole de Dieu de ce dimanche en reprenant tout simplement des mots de la première lecture. Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux. … Il fera disparaître la mort pour toujours. … Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages. … Ce jour-là on dira : Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés. Des paroles du prophète Isaïe qui annonçaient longtemps à l’avance ces paroles rapportées dans le récit évangélique que nous venons tout juste d’entendre : Jésus se mit de nouveau à parler aux grands prêtres et aux pharisiens et il leur dit en paraboles :  Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils. … Il envoya dire aux invités : Voilà, j’ai préparé mon banquet. Tout est prêt, venez à la noce. … La salle des noces fut remplie de convives.

Voilà l’Évangile, la Bonne Nouvelle qui nous est redite en ce dimanche. Notre baptême nous a faits disciples du Seigneur et nous a engagés sur la route qui mène au Royaume, là où Dieu nous accueillera pour la fête, une fête qui n’aura pas de fin. Ajoutons ces mots de l’apôtre Paul : Là, Dieu comblera tous vos besoins selon sa richesse, magnifiquement dans le Christ Jésus. Vous ne trouvez pas qu’il est agréable d’entendre ces paroles qui sont pour nous Parole de Dieu. En ce temps d’automne, où on voit les feuilles tomber, où la télévision nous montre déjà des scènes d’hiver, alors qu’on ne cesse pas de nous parler de pandémie et qu’on nous contraint à porter des masques, alors que de nombreux pays connaissent la guerre, que beaucoup de croyantes et de croyants vivent la persécution à cause de leur foi, n’est-il pas bon de nous faire appeler à l’espérance, une espérance qui est promesse de vie, de fête. Cette Eucharistie qui nous rassemble en ce dimanche n’est-elle pas ce moment, ce lieu qui nous redit que Jésus, le Ressuscité, marche avec nous sur la route qui mène au Royaume de Dieu là où son Père, notre Père nous attend. Jésus a fait cette promesse à ses disciples : Quand vous serez réunis à cause de moi, je serai là avec vous.

Mais, il y a ce récit, l’Évangile de ce dimanche, qui peut nous paraître un peu surprenant, ce texte que nous propose saint Matthieu dans son Évangile, qu’on peut lire aussi dans l’Évangile de saint Luc. Deux paraboles, pas très souriantes, même si elles nous parlent de noces et de banquet. Deux petites histoires par lesquelles Jésus parle de Dieu comme dans toutes ses paraboles. Durant ses longues marches à travers la terre d’Israël, Jésus a rempli sa mission, faire connaître Dieu et dire son désir de rassembler les hommes, les femmes, les jeunes, les enfants de partout pour qu’ils se retrouvent ensemble avec Lui dans son Royaume. Pour Jésus, Dieu n’est pas une idée, une doctrine, mais bien plutôt quelqu’un, un Père, qui déborde d’amour, de tendresse pour tous ses enfants et qui veut les voir réunis dans sa maison autour d’une table abondante. Dans chacune de ces histoires que sont ses paraboles, de nombreuses histoires, Jésus parle de Dieu, raconte Dieu. C’est pour ça que les apôtres, les disciples, les communautés chrétiennes ont gardé ces paraboles dans leur mémoire. Que les évangélistes les ont mises par écrit, plusieurs dizaines d’années après qu’elles aient été dites par Jésus.

Dans ce récit d’aujourd’hui, deux paraboles de Jésus, deux courtes histoires qui nous parlent de Dieu, qui racontent Dieu. Pour en saisir le message, il faut se rappeler que cet Évangile a été écrit après la destruction du temple en l’an 70. On était alors à une époque difficile où de nombreux chrétiens et chrétiennes pensaient à quitter l’Église, laquelle prenait de plus en plus ses distances face au Judaïsme. C’est pour cela que l’Évangéliste annonce ces paraboles en écrivant : Jésus se mit à parler aux grands prêtres et aux pharisiens. Pour cela aussi qu’il parle de gens qui s’éloignent, de gens qui meurent, de ville incendiée. Une époque et un contexte fort dérangeants au plan social pour le peuple juif, très exigeants aussi pour les chrétiens, quant à leur foi dans le Ressuscité et leur attachement à l’Église encore naissante, en train de se situer dans un monde peu accueillant. L’auteur de l’Évangile se voulait fidèle aux paraboles de Jésus, mais il voulait bien qu’elles rejoignent les chrétiens et chrétiennes dans ce qu’ils vivaient en ce temps où il écrivait son Évangile.

Jésus raconte Dieu. Dieu est ce roi qui a tout préparé pour la fête des noces de son fils, mais qui réalise que les invités ne sont pas là, pour toutes sortes de raisons. Ce roi se met en colère, rassemble son armée, fait périr les invités et incendie leur ville. Puis il envoie ses serviteurs qui vont parcourir les chemins et amener avec eux tous les gens qu’ils rencontrent, les mauvais comme les bons, et la salle du banquet se remplit. Ne seront pas là les grands prêtres et les pharisiens et tous ceux qui refusent d’accueillir Jésus. Le roi envoie ses serviteurs qui amènent à la noce tous ceux qu’ils rencontrent, ce sont les disciples de Jésus, qui ont la mission de susciter des communautés chrétiennes, l’Église, où se retrouvent des mauvais comme des bons, le bon grain et l’ivraie. Cet homme qui ne portait pas le vêtement de noce évoque la robe baptismale et l’appel à une vie conforme à la grâce reçue. L’Évangéliste a mis par écrit les paraboles de Jésus pour qu’elles parlent aux gens de son temps, de la fin du premier siècle. Sans le savoir, il faisait en sorte qu’elles rejoignent aussi les chrétiens des époques à venir, dont ceux de maintenant, nous à qui Jésus se plait à raconter Dieu. 

Terminons par ces mots qui viennent d’un lointain passé, des mots du psaume de cette liturgie : Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. … Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre. … Il prépare la table pour moi. … Grâce et bonheur m’accompagnent. … J’habiterai la maison du Seigneur.

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com