Homélie - 27e dimanche ordinaire A 2020

Homélie
2020/10/13
Homélie - 27e dimanche ordinaire A 2020

27e dimanche ordinaire (Année A 2020)

Ce que vous avez appris et reçu, mettez-le en pratique et la paix de Dieu sera avec vous

Homélie
(Is 25,6-10a ; Ph 4,12-14.19-20 ; Mt 22,1-14)

Quatre textes des Saintes Écritures, qui sont qui sont pour nous Parole de Dieu. Des textes qui arrivent bien en ce temps d’automne, à cette époque de l’année où se font les vendanges, la cueillette du raisin, pour en faire du vin, ce qui n’est jamais sans qu’on pense à la fête. Trois dimanches de suite où Jésus nous parle du vin, des vendanges. Ce qu’il voyait se vivre dans son pays, la Galilée, voilà que ça se vit aussi chez nous où on trouve maintenant dans plusieurs régions du Québec des vignobles qui produisent d’excellents vins, et même tout près d’ici, sur la Cote de Beaupré, sur l’île d’Orléans. Les vendanges font aussi partie de notre automne.

La première lecture, le psaume, le récit évangélique nous ont parlé de la vigne, un thème qui revient souvent dans les Écritures. Le prophète Isaïe nous parlait d’un agriculteur qui a beaucoup travaillé et qui espère bien que sa vigne va lui donner une abondante et belle récolte. Malheureusement, ce n’est pas ce qui arrive et sa déception est grande. Le prophète met un lien entre ce cultivateur et le Seigneur de l’univers, et aussi entre la vigne et le peuple d’Israël. Ce passage du livre du prophète Isaïe, on peut le lire comme un poème, il commence par ces mots : Je veux chanter pour mon ami le chant du bien-aimé à ma vigne.

Le prophète nous invite à prendre le temps de réfléchir, de regarder dans la prière quelle est la qualité de notre lien avec Dieu, de nos comportements à son égard. Quel visage donnons-nous à Dieu, est-il quelqu’un de lointain, indifférent à ce que nous vivons? Ou bien, le considérons nous vraiment comme notre Père, un Père qui nous aime, comme nous le disons si souvent dans notre prière ? Les réponses que nous donnons à ces questions ne le laissent pas indifférent. Comme le vigneron du poème d’Isaïe, Dieu ne veut pas que nous le décevions, que son peuple le déçoive, que nous soyons indifférents à son égard.

Le psaume, un autre beau poème, nous pose d’abord la même question, mais il nous dit ensuite ce que doit être notre prière, et la prière de son peuple. Dieu de l’univers, regarde et vois, visite ta vigne, cette vigne qu’est ton peuple, cette vigne que nous sommes. Jamais plus nous n’irons loin de toi, fais-nous vivre et invoquer ton nom ! Une belle prière, une prière que nous pourrions dire et redire en pensant à notre Église, à nos communautés, à nos familles, à nous-même. Dieu notre Père, fais que nous ne nous éloignions jamais de toi !

Préparée ainsi par le texte du prophète Isaïe et le psaume, la lecture de la parabole de Jésus nous surprend un peu, nous mettant devant un drame, un récit pas tellement agréable. Il y est même question de meurtres. Les vignerons tuent les envoyés du maître de la vigne, et ils vont jusqu’à tuer le fils du propriétaire. Dans cette parabole des vignerons assassins, Jésus évoque avec des mots durs ce qui s’est souvent passé au cours de l’histoire de son peuple. Il va encore plus loin, il annonce le drame qui sera le sien, sa mort tout à fait injuste. Mais il annonce aussi comment ce drame va se terminer. La pierre que rejetteront les bâtisseurs deviendra la pierre d’angle sur laquelle sera construit le Royaume, que Dieu confiera à un autre peuple, qui lui fera produire des fruits.

Si nous nous arrêtons à penser aux situations pénibles, difficiles que nous connaissons dans notre propre vie et dans la vie de notre monde, cela peut nous permettre de deviner quelle doit être la tristesse de Dieu devant tous ces refus d’amour, et entre les humains, et à son égard, l’un ne va pas sans l’autre. Mais il y a l’autre côté de la réalité humaine. Tout n’est pas triste, loin de là. Quand nous constatons que tant de gens tournent le dos à Dieu, pourquoi ne lui rappellerions-nous pas, dans notre prière, qu’il peut compter sur un si grand nombre de chrétiens, de chrétiennes, et aussi de femmes et d’hommes d’autres religions qui accueillent son amour et le laisse illuminer leur vie ? Pourquoi n’oserions-nous pas lui dire que nous sommes là et que notre désir le plus grand est de répondre à son amour, de nous garder à l’écoute de sa Parole, de lui être fidèles ? Il y a aussi de la et de la joie dans notre temps et dans notre monde.

Dans sa lettre La joie de l’Évangile, le pape François écrit, et cela paraît bien rejoindre notre peuple québécois : Le fond chrétien de certains peuples est une réalité vivante. Nous trouvons là une réserve morale qui garde les valeurs d’un authentique humanisme chrétien. Un regard de foi sur la réalité ne peut oublier de reconnaître ce que sème l’Esprit Saint. Cela signifierait ne pas avoir confiance dans son action libre et généreuse, penser qu’il n’y a pas d’authentiques valeurs chrétiennes là où une grande partie de la population a reçu le baptême et exprime sa foi et sa solidarité fraternelle de multiples manières.

Au cœur des paroles de la première lecture et de celles de l’évangile, des paroles imprégnées d’une certaine tristesse, il y avait celles de l’apôtre Paul, d’un tout autre ton. Des paroles que nous garderons dans notre mémoire tout au long de cette semaine avec celles du pape François : Tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, prenez-le à votre compte. Ce que vous avez appris et reçu, ce que vous avez vu et entendu, mettez-le en pratique. Et le Dieu de la paix sera avec vous.

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com