Homélie - 21e dimanche ordinaire A 2020

Homélie
2020/08/21
Homélie - 21e dimanche ordinaire A 2020

21e dimanche ordinaire (Année A 2020)

Homélie
(Is 22,19-23 ; Rm 11.33-36 ; Mt 16, 13-20)

Que dites-vous de moi ? Pour vous, qui suis-je ? C’est à nous aujourd’hui, à vous et à moi, que Jésus, présent au milieu de nous, adresse cette question. N’a-t-il pas raison de demander cela, présentement et ici chez nous au Québec, à tous ceux et à toutes celles qui se disent ses disciples.  

Cette question de Jésus arrivait à un moment important, pour lui et pour ceux qui le suivaient partout où il allait. Après une première étape de sa mission, après un certain nombre de mois de prédication et de miracles, alors que nombreux étaient les gens qui s’éloignaient de lui et qu’apparaissait même chez certains le désir de le faire disparaître, on comprend que Jésus soit intéressé de savoir ce qu’on pouvait penser de lui. À ses disciples, à ceux et celles qui semblent avoir vraiment pris la décision de lui faire confiance, il pose une question très sérieuse pour lui, pour l’avenir de sa mission : Qu’est-ce que les gens disent de moi, qu’est-ce que vous dites de moi quand vous parlez de moi entre vous ? Les réponses sont diverses : certains disent qu’il est Jean-Baptiste ou Élie ou Jérémie… Les gens le voient donc comme un prophète, et pas n’importe lequel, ils le situent dans la lignée des grands prophètes, ceux dont parlent les Écritures, ceux qui ont fortement marqué l’histoire de leur peuple.

Jésus poursuit la discussion, s’adressant directement à eux, ses amis les plus proches : Mais pour vous, qui suis-je? Comme il arrivait si souvent, c’est Pierre qui spontanément prend la parole : Nous le savons bien, à t’entendre parler, à te voir agir, pour nous, c’est devenu clair : Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. Jésus est sûrement très heureux de ce qu’il entend car cette déclaration de foi lui fait constater que Pierre et ceux et celles qui se suivent découvrent de plus en plus qui il est. Ils n’hésitent pas à affirmer avec force le caractère tout à fait exceptionnel de sa personne. Jésus poursuit par une observation qui doit attirer notre attention : Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Jésus fait remarquer à ses disciples qu’il y a une différence essentielle entre ce que disent les gens et ce que vient d’affirmer la foi de Pierre et en conséquence leur foi à eux.  La foi chrétienne n’est pas le résultat d’une réflexion purement humaine, d’une discussion, la foi est une grâce, un don de Dieu. Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant.

C’est sur cette foi de Pierre, et de ceux et celles au nom de qui il parle, que Jésus a fondé son Église. Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. … Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux. Il y a un lien fort entre la profession de foi de Pierre et la parole de Jésus qui la suit : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. Prêtons bien attention aux mots de l’Évangile : Je bâtirai mon Église, mon Église. Il s’agit bien de l’Église du Christ. La pierre d’assise sur laquelle le Christ va bâtir son Église, c’est la foi de Pierre, des apôtres, des disciples. Dans les siècles qui vont suivre, c’est la foi des chrétiens, des chrétiennes qui garderont l’Église vivante, la foi en Jésus le Ressuscité de Pâques. Aujourd’hui, c’est notre foi à nous, c’est la foi de toutes les communautés chrétiennes, rassemblées partout dans le monde, chaque dimanche, pour faire mémoire de Jésus en célébrant l’Eucharistie, qui gardent l’Église bien vivante. Voilà bien l’essentiel de ce qu’est l’Église, c’est la foi qui la définit, la foi dans le Christ Ressuscité, le Vivant.

Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux. Nous voyons ici pourquoi on nous a fait lire, comme première lecture, ce texte du prophète Isaïe où il était question des clefs. Le prophète raconte que le pouvoir est retiré de Shebna et remis à Éliakim, passage du pouvoir qui comporte la remise des clefs. Quand on remet à quelqu’un les clés de sa maison, de son appartement alors qu’on va s’absenter pendant un bon moment, on signifie qu’on accorde sa confiance à cette personne. Ce langage symbolique que Jésus emploie dit bien sa confiance à l’égard de Pierre. Lui dire qu’il lui donne les clefs de son Église, c’est lui faire confiance, le rendre responsable, l’associer particulièrement à son œuvre. Jésus voulait rassembler autour de lui une communauté de croyants, de croyantes et cela exigeait qu’il lui donne un guide. En remettant ses clefs, celles du Royaume, à un homme, Jésus prend un risque, il prévoit même que Pierre le reniera. Il en est ainsi depuis la création alors que, selon les Écritures, Dieu avait confié son œuvre à un couple humain. C’est une vraie responsabilité que Jésus confie à Pierre et à travers lui à tous ses disciples, ceux d’alors et ceux d’aujourd’hui.

Deux questions nous sont posées aujourd’hui à chacune, chacun de nous. Une première : être chrétiens, chrétiennes, est-ce que pour nous cela signifie d’abord et avant tout croire en Jésus, avoir une telle confiance en lui que nous misons notre vie sur lui, et que rien ne peut nous faire changer d’idée à son sujet : il est le Fils de Dieu, le Seigneur, le Sauveur ? Une deuxième : Sommes-nous solidaires de la communauté de ses disciples actuels, une communauté qui demeure divine à cause de lui, mais qui est aussi humaine à cause d’eux, à cause de nous nous ? Est-ce que l’Église est d’abord pour nous l’assemblée convoquée par Dieu, la communauté des disciples du Christ, qui continue à le faire connaître, à faire entendre sa Parole, et cela malgré les faiblesses, les erreurs d’un grand nombre ? Entendons le Seigneur nous dire à chacun, chacune de nous, tout comme à Pierre : Heureux es-tu !

 

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com