Homélie - 1er dimanche de l'Avent B 2020

Homélie
2020/11/24
Homélie - 1er dimanche de l'Avent B 2020

Premier dimanche de l'Avent B 2020

Homélie
(Is 63,16b-17,19b;64,2b-7 ; 1 Cor 1,3-9 ; Mc 13,33-37)

Les lectures de ce dimanche, qui ouvrent le temps de l’Avent et donc la nouvelle année liturgique, valent que nous les laissions nous parler, elles éclairent la démarche dans laquelle nous nous engageons. La Parole de Dieu proclamée au cours des quatre prochaines semaines va être pour nous un appel à l’espérance, nous rappelant avec insistance que l’espérance chrétienne doit nous rendre capables de sérénité et même de joie, nous garder de bonne humeur.

La première lecture est extraite du livre du prophète Isaïe avec lequel la liturgie nous met en ce premier jour de l’Avent et aussi, c’est intéressant de le remarquer, dans la nuit de Noël. Ce texte nous parle de Dieu, dans un langage qui, tout en évoquant des événements très anciens, a plein de sens, actuellement, en ce que la vie nous fait vive présentement. Reprenant ces mots du prophète, l’Église, par sa liturgie, veut nous aider à nous dégager de l’inquiétude qui peut nous habiter en ces temps difficiles et pas seulement à cause de la pandémie.

Réentendons les paroles du prophète : Tu es, Seigneur, notre Père, notre Rédempteur. … Tel est ton nom ! … Pourquoi nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? … Reviens. … Tu viens rencontrer celui qui pratique avec joie la justice, celui qui se souvient de toi en suivant tes chemins. … Maintenant, Seigneur, c’est toi notre Père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main. Le prophète disait cela au peuple juif en exil à Babylone, pour qu’il garde vivante dans son cœur l’espérance du retour dans son pays, à Jérusalem, la Ville Sainte. L’espérance, la confiance en Dieu qui n’a jamais abandonné, qui n’abandonnera jamais son peuple, ses enfants : il est leur Père, leur Rédempteur. Dans un langage peut-être moins poétique, nous pourrions dire cela nous aussi et ce doit être là notre prière au cours de cette Eucharistie, assurés que Dieu notre Père nous entend. Dieu de l’univers, reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la, celle qu’a plantée ta main puissante. Cette vigne, ton Église que ton Fils est venu semer dans notre monde.

La deuxième lecture. Comme l’apôtre Paul le fait si souvent au début de ses lettres, il a ces paroles agréables à lire et à entendre, autrefois par la communauté chrétienne de Corinthe, aujourd’hui par notre communauté rassemblée en ce premier dimanche de l’Avent 2020. Réécoutons ces paroles : Je ne cesse pas de rendre à grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus ; en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la parole et de la connaissance de Dieu. Car le témoignage rendu au Christ s’est établi fermement parmi vous. Aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ. C’est lui qui vous fera tenir jusqu’au bout. Ces paroles, qui nous réjouissent sûrement, nous font vivre déjà le mystère de Noël. Cette fête, la liturgie la fait commencer aujourd’hui et durer jusqu’à la célébration du Baptême du Seigneur, le 10 janvier. Cela ne vient-il pas faire éclater dans notre Église et dans notre monde cette joyeuse lumière dont nous avons tellement besoin, et aussi notre Église et notre monde. N’est-ce pas ce que manifeste notre ville et nos maisons toutes pleines de lumière et de couleurs ?

Une troisième lecture, ce court extrait de l’évangile de saint Marc, qui nous rapporte une toute petite parabole de Jésus. Un homme parti en voyage donne tout pouvoir à ses serviteurs, fixe à chacun son travail et demande au portier de veiller. Cela fait revenir à notre mémoire la parabole rapportée par saint Matthieu, beaucoup plus longue, que nous avons lue il y a quelques semaines. Celle d’aujourd’hui a quelque chose d’intéressant, elle ajoute un personnage, le portier qui veille. Selon de nombreux exégètes, ce portier ne serait nul autre que l’apôtre Pierre à qui Jésus a demandé de veiller sur son Église. Justement, cette petite parabole est bâtie autour de ce mot, un verbe d’action, veiller.  Restez éveillés… Veillez donc… Ce que je vous dis là, je le dis à tous. Jésus dit cela à ses disciples, ceux qui l’écoutaient alors, ceux qui l’écoutent maintenant.

Le mot veiller, un mot qui est présent tout au long de l’histoire du salut. Il est raconté dans le livre de la Genèse qu’au tout début, dès que la création du monde fut terminée, le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin pour qu’il le travaille et le garde. Dans les Actes des Apôtres, avant de quitter ses disciples, Jésus Ressuscité leur dit : Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités du monde. Veiller sur cette terre, notre maison commune, dit le Pape, et sur l’humanité qui l’habite. Veillez, restez éveillés, je vous le dis à tous ! Ce temps de l’Avent vient nous redire que la foi de notre baptême ne nous permet pas de nous enfermer ni dans le temps passé ni dans le temps présent. Cet événement a marqué notre personne et notre vie profondément, et nécessairement il nous tourne vers l’avenir, vers le temps d’après. Ce que nous avons vécu au cours des années nous a appris à nous ouvrir au temps d’après, parce que nous avons été fidèles à l’Évangile qui nous redit en ce premier dimanche de l’Avent 2020 ces mots de Jésus, que nous sommes venus rencontrer dans cette Eucharistie : Veillez donc, je vous le dis à tous : Veillez ! Veiller, la mission qui nous a été particulièrement confiée, qui nous fait vivre, veiller, c’est de ne pas nous satisfaire de l’état actuel du monde, c’est bâtir aujourd’hui le Royaume de Dieu de demain. Il y a quelques jours, le pape François a dit au groupe de jeunes du Portugal venus chercher à Rome la Croix de la prochaine JMJ : Le Christ ne nous veut pas garés sur les côtés de la vie, mais en marche vers de grands objectifs, avec joie et audace.

Marc Bouchard, prêtre

mbouchard751@gmail.com